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L’Internet rend-il les gens anxieux?

Par Georgia Evans

Chaque année, CIRA commande un sondage annuel explorant la façon dont les Canadien·ne·s utilisent l’Internet et publie les informations dans une nouvelle édition du Dossier documentaire sur Internet au Canada. Cette année, CIRA publie une série d’articles de blogues basés sur les constatations du sondage du Dossier documentaire sur Internet au Canada 2023. Le blogue qui suit est le deuxième des quatre de la série.

De nos jours, il existe tout un lexique de termes consacrés à la description des nombreux dangers que l’on peut rencontrer en l’utilisant. Qu’est-ce que cela révèle de l’état actuel de l’Internet? La liste est longue et ne cesse de s’allonger : maliciels, cyberintimidation, trolls, divulgation de données personnelles, hameçonnage, vol d’identité, rançongiciels, cyberprédateurs, etc.

Nous aimons tous l’Internet. Il est toutefois évident que l’utilisation excessive (ou obsessionnelle) de l’Internet comporte des risques. Nous pouvons plaisanter sur le fait de souffrir du syndrome FOMO de temps en temps ou admettre qu’il nous arrive de parcourir les médias sociaux tard le soir, mais la plupart d’entre nous sont bien conscient·e·s que les forces néfastes auxquelles nous sommes régulièrement confrontés en ligne sont réelles et peuvent avoir un effet négatif sur notre santé mentale.

En fait, il existe un nombre croissant de recherches scientifiques qui établissent une corrélation entre le temps passé en ligne et une longue liste de problèmes, dont l’obésité, des douleurs cervicales chroniques, des troubles du sommeil et l’augmentation des sentiments d’anxiété et de dépression. De nombreuses études ont démontré que l’utilisation excessive des téléphones intelligents et des médias sociaux par les enfants et les adolescent·e·s est particulièrement néfaste pour leur santé mentale. Heureusement, des organisations de littératie numérique, comme MediaSmarts (que CIRA a financée au cours des dernières années), existent pour aider à enseigner aux jeunes comment rester en sécurité et se protéger en ligne. Cependant, comme le démontrent les données, il s’agit d’un travail considérable et nous devons tou·te·s y contribuer.

Bien qu’un grand nombre de Canadien·ne·s soient au courant des inconvénients d’être constamment connecté·e·s, ils·elles continuent à passer une grande partie de leur journée en ligne. Les Canadien·ne·s travaillent, communiquent avec leurs ami·e·s et leur famille, s’adonnent à leurs loisirs, effectuent leurs opérations bancaires et lisent les nouvelles en ligne. Ils se divertissent également, que ce soit en regardant des émissions de télévision et des films, en écoutant de la musique, en jouant à deux jeux vidéo ou en passant du temps sur les plateformes sociales en ligne.

La moitié des Canadien·ne·s disent passer plus de cinq heures en ligne par jour. Parmi ces personnes, 13 % déclarent être en ligne de sept à huit heures par jour, tandis que pour 10 %, ce chiffre s’élève à neuf ou dix heures par jour. Les personnes résidant en Ontario sont à la tête de cette catégorie. En effet, 27 % déclarent être en ligne neuf heures ou plus par jour en moyenne. En revanche, seuls 5 % des Canadien·ne·s passent moins d’une heure par jour en ligne. Ces statistiques ne sont ni nouvelles ni surprenantes. Elles correspondent aux constatations des sondages du Dossier documentaire effectués en 2021 et 2022, qui témoignent d’une augmentation constante de l’utilisation de l’Internet de 2016 à 2020.

La sécurité en ligne est une source majeure d’anxiété

Les risques en matière de sécurité et de la vie privée en ligne, comme les maliciels, les fuites de données, les attaques d’hameçonnage et les virus sont certaines des principales préoccupations des Canadien·ne·s. Moins d’un cinquième (soit 19 %) ont déclaré avoir été victime d’une cyberattaque qui a porté ses fruits. Les trois quarts (47 %) se disent préoccupés par les maliciels sur Internet, et 27 % se disent très préoccupés. Le niveau global d’inquiétude lié à la sécurité et à la protection de la vie privée est en hausse par rapport au taux de 66 % en 2022.

Le harcèlement en ligne et la cyberintimidation sont une autre source importante d’anxiété pour les Canadien·ne·s. Dans l’ensemble, un quart des répondant·e·s déclarent avoir subi du harcèlement ou en avoir été témoins en utilisant l’Internet. Ce chiffre est considérablement plus élevé (38 %) chez les personnes âgées de 18 à 34 ans, ce qui peut s’expliquer par le fait qu’elles passent plus de temps en ligne, en particulier sur les médias sociaux. Environ trois Canadien·ne·s sur dix (31 %) disent avoir hésité à utiliser les médias sociaux ou à participer à une discussion en ligne par crainte du harcèlement en ligne. Les femmes (34 %) sont plus susceptibles que les hommes (28 %) de se sentir réticentes à cet égard.

Toutes les réponses ci-dessus : les réseaux sociaux sont avantageux, addictifs et toxiques

En ce qui concerne les avantages et les inconvénients de Facebook et d’autres plateformes de médias sociaux, rien n’est évident. La plupart des Canadien·ne·s affirment que l’utilisation des médias sociaux a un impact neutre (50 %) ou bénéfique (18 %) sur leur bien-être global, tandis qu’un quart (24 %) estiment qu’elle est néfaste. Cependant, la proportion de personnes qui trouvent que le temps passé sur les médias sociaux est bénéfique a diminué au fil du temps alors que la proportion de personnes qui trouvent les médias sociaux néfastes a augmenté.

En ce qui concerne les sites et les applications de médias sociaux individuels, les Canadien·ne·s en perçoivent certains plus favorablement que d’autres. Un quart des Canadien·ne·s affirment que YouTube est le site le « plus utile ». Bien que Facebook se trouve en deuxième position dans cette catégorie (15 %), c’est également le média social le plus susceptible d’être considéré comme étant « addictif » (26 %) et « toxique » par une grande majorité des Canadien·ne·s (31 % par rapport à 13 % pour Instagram). Quelle plateforme de médias sociaux est considérée comme étant la plus positive par la population canadienne? Les résultats du sondage ne permettent pas de parvenir à un consensus.

Même si une grande partie des Canadien·ne·s ressentent des niveaux plus élevés d’anxiété en lien avec leur utilisation de l’Internet, la bonne nouvelle est qu’un grand nombre d’entre eux·elles prennent également des mesures pour réduire son incidence sur leur santé mentale. En ce qui concerne la cybersécurité et la protection de la vie privée, par exemple, environ un tiers des Canadien·ne·s (34 %) ont déclaré utiliser des outils ou des services pour accroître la protection de leur vie privée et leur sécurité en ligne. Les Canadien·ne·s se tiennent également au courant des nombreuses menaces auxquelles ils·elles font face en raison des fraudeur·euse·s. Environ deux tiers (67 %) affirment avoir confiance en leur capacité à détecter les escroqueries en ligne.

Selon une autre tendance importante, les Canadien·ne·s commencent à reconnaître les avantages de prendre une pause complète de l’Internet, même si ce n’est que pour un jour ou deux. Les gens sont plus susceptibles d’avoir fait une pause d’au moins un jour au cours des 12 derniers mois (54 %) qu’en 2022 (41 %). Les raisons les plus fréquemment citées par les Canadien·ne·s pour prendre des pauses d’Internet sont la volonté d’éviter de perdre du temps (48 %) et le désir de se détendre (41 %).

Selon les tendances observées ces dernières années dans notre Dossier documentaire, il est peu probable que nous soyons nombreux·euses à constater une diminution de notre dépendance à l’Internet dans un avenir proche. Cependant, au fur et à mesure que nous découvrons des stratégies et des outils plus nombreux et plus performants pour nous protéger contre les nombreux dangers qui nous guettent, nous serons mieux à même d’atténuer les effets négatifs et de réduire notre anxiété à l’égard de l’Internet.

À propos de l’auteur
Georgia Evans

Georgia est une analyste des politiques et de la représentation pour son deuxième stage coopératif à CIRA. Elle est une étudiante de quatrième année de l’Université Carleton qui poursuit des études en affaires publiques et en gestion des politiques. Elle est très passionnée par la gouvernance d’Internet et la politique numérique.

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